Comment décide-t-on d’une prise en charge chirurgicale ?
Toutes les lésions de la peau ne nécessitent pas d’être retirées. Certaines peuvent être simplement surveillées, tandis que d’autres imposent un geste chirurgical pour des raisons diagnostiques, thérapeutiques ou esthétiques.
- La nature de la lésion (bénigne, douteuse, cancéreuse) et sa profondeur
- La localisation (visage, paupières, lèvres, nez, cuir chevelu, mains, zones de frottement) et ses contraintes fonctionnelles/esthétiques
- Le besoin d’histologie (analyse au laboratoire), indispensable dès qu’un doute diagnostique existe
1) Les lésions bénignes courantes
Nævi (grains de beauté)
Les grains de beauté (nævi) sont des accumulations de cellules pigmentaires. Leur retrait est envisagé lorsqu’ils changent d’aspect, deviennent irrités ou sont situés dans une zone de frottement. L’exérèse ( excision elliptique ) est réalisée sous anesthésie locale, avec des sutures très fines pour obtenir une cicatrice discrète et permettre l’ analyse histologique.
Kystes cutanés
La technique de retrait de kyste varie selon le type :
- Les kystes épidermiques / sébacés et les kystes pilaires (boule ferme et mobile) sont des indications à l’exérèse complète de la poche kystique pour éviter la récidive
- Les kystes dermoïdes et kystes prétragiens (enfant/jeune adulte) sont retirés après planification de l’intervention, dans le respect des structures voisines
Lipomes
Les lipomes, constitués de tissu graisseux, sont également bénins. Ils sont retirés lorsqu’ils augmentent de volume, deviennent douloureux ou provoquent une gêne esthétique. L’intervention est rapide et laisse le plus souvent une cicatrice fine et discrète. Dans le cas de lipomes volumineux ou sous-aponévrotiques, le geste est planifié pour optimiser la cicatrice.
Dermatofibromes, kératoses séborrhéiques, molluscum pendulum (acrochordons)
Selon le cas, le chirurgien peut opter pour une exérèse tangentielle (shave), un curetage, l’électrocoagulation ou le laser pour un résultat net et rapide, en particulier sur les zones visibles.
Xanthélasmas
Selon l’épaisseur et la localisation de ces dépôts jaunâtres palpébraux, le chirurgien choisira l’exérèse chirurgicale ou le laser ablatif Une attention particulière sera portée à la qualité de peau palpébrale.
2) Lésions précancéreuses
Kératoses actiniques (KA)
Certaines lésions cutanées ne sont pas encore cancéreuses, mais présentent un risque de transformation à long terme. C’est le cas des kératoses actiniques, qui apparaissent sur les zones exposées au soleil comme le visage ou le cuir chevelu. Ces petites plaques rugueuses traduisent une altération des cellules superficielles de la peau. On proposera le curetage ou l’électrocoagulation en première intention.
Lorsque la lésion devient épaisse, croûteuse ou inflammatoire (KA infiltrée ou atypique), une exérèse chirurgicale peut être réalisée afin d’écarter toute évolution vers un carcinome épidermoïde.
Maladie de Bowen (carcinome épidermoïde in situ)
La maladie de Bowen, qui correspond à une forme très superficielle de cancer cutané, est également traitée chirurgicalement lorsqu’elle est localisée, afin de retirer toute la zone malade et d’éviter une progression plus profonde.
3) Cancers cutanés
Les carcinomes et les mélanomes représentent les formes les plus sérieuses de lésions cutanées. Ils nécessitent une prise en charge rigoureuse et personnalisée.
Carcinome basocellulaire (CBC)
Le carcinome basocellulaire est le cancer de la peau le plus fréquent. Il évolue lentement et ne donne pas de métastases, mais il peut être localement destructeur. Le traitement de référence reste l’excision avec marges adaptées, suivie d’une fermeture directe ou d’un lambeau/greffe selon la perte de substance (nez, paupière, oreille…). Pour des sous-types superficiels sélectionnés, le curetage-électrocoagulation ou le laser peuvent être discutés, avec suivi rapproché.
Carcinome épidermoïde (CE)
Plus agressif que le CBC, le carcinome épidermoïde a un plus fort potentiel métastatique. L’exérèse est systématique avec marges suffisantes et analyse histologique. Les formes à risque (taille, profondeur, zones à haut risque) nécessitent une planification stricte et un suivi.
Mélanome cutané
Le mélanome cutané nécessite une approche chirurgicale spécifique, souvent en deux temps :
- La biopsie-exérèse initiale
- La reprise d’exérèse avec marges d’élargissement guidée par l’histologie (Breslow)
Certaines localisations complexes imposent une reconstruction dédiée. (La chirurgie micrographique de Mohs peut être indiquée pour certains cancers non-mélanocytaires dans des centres spécialisés).
4) Lésions inflammatoires ou infectieuses à indication chirurgicale
Les kystes pilonidaux situés au niveau du sacrum peuvent aussi s’infecter de façon répétée. Leur retrait chirurgical est souvent la seule solution pour obtenir une guérison durable.
De manière plus ponctuelle, certains abcès cutanés nécessitent une incision-drainage, suivie d’une excision de la lésion à distance pour éviter la réapparition.
Hidradenitis suppurativa (maladie de Verneuil)
Certaines affections cutanées chroniques ou récidivantes nécessitent également une prise en charge chirurgicale. C’est le cas de la maladie de Verneuil (hidradénite suppurée), caractérisée par la formation de nodules et de trajets fistuleux douloureux, souvent localisés sous les aisselles ou dans la région inguinale. Les traitements incluent dees gestes allant de l’incision-drainage en poussée à l’exérèse large des zones malades, parfois avec reconstruction (greffe/lambeau). Une stratégie pluridisciplinaire limite les récidives et améliore le confort.
De manière plus ponctuelle, certains abcès cutanés nécessitent une incision-drainage, suivie d’une excision de la lésion à distance pour éviter la réapparition.
Kystes/pilonidal (kyste sacro-coccygien)
Les kystes pilonidaux situés au niveau du sacrum peuvent aussi s’infecter de façon répétée. En urgence on préconisera une incision-drainage puis un retrait chirurgical sera planifié pour éviter le risque de récidive et faciliter les soins.
Abcès cutanés, furoncles
De manière plus ponctuelle, certains abcès cutanés nécessitent une incision-drainage, suivie d’une excision de la lésion à distance pour éviter la réapparition.
5) Les tumeurs annexielles
La chirurgie dermatologique concerne aussi les structures dites « annexielles » : glandes, poils et ongles.
Tumeurs annexielles
Les tumeurs annexielles regroupent un ensemble de lésions rares (trichoépithéliomes, syringomes, cylindromes…) qui doivent toujours être analysées après leur retrait.
- Les verrues : en cas d’échec des traitements médicaux, un curetage-électrocoagulation ou une séance de laser ciblé, avec consignes de soins pour limiter la récidive peut être programmé
- Les kératoses séborrhéiques irritées / cornes cutanées sont traitées par la combinaison shave + cautérisation/laser, en s’assurant qu’il n’existe pas de lésion sous-jacente suspecte nécessitant histologie
Pathologies des ongles
Les pathologies unguéales, quant à elles, nécessitent des gestes précis sous loupe.
- Ongle incarné (onychocryptose) : matricectomie partielle (technique de Winograd, etc.) pour supprimer le bord incriminé et prévenir les récidives
- Tumeurs unguéales (kystes mucoïdes, glomus, verrues sous-unguéales) : geste délicat sous loupe, pour préserver la matrice et la plaque
- Mélanonychie suspecte : biopsie/ablation ciblée pour analyse
6) Lésions du cuir chevelu et des poils
- Kystes pilo-sébacés, lipomes, naevus : excision avec fermeture attentive au cheminement des cheveux pour dissimuler la cicatrice.
- Tumeurs annexielles (trichoépithéliome, cylindrome…) : exérèse avec confirmation histologique.
- Cicatrices d’alopécie, séquelles de chirurgie : révision de cicatrice voire greffe cutanée selon cas.
7) Les lésions vasculaires et pigmentaires
Le laser occupe une place croissante dans la chirurgie dermatologique moderne. Il permet de traiter certaines lésions superficielles avec une extrême précision, tout en réduisant les suites cicatricielles.
Les angiomes, les télangiectasies (petits vaisseaux rouges du visage) et certaines lésions pigmentées bénignes peuvent être traités efficacement au laser vasculaire ou pigmentaire.
Attention : une lésion douteuse n’est jamais traitée au laser sans histologie préalable.
8) Les cicatrices
La chirurgie dermatologique ne se limite pas à retirer des lésions : elle permet aussi d’en corriger les séquelles.
Les cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes peuvent être reprises chirurgicalement, remodelées par laser CO₂ fractionné, ou traitées par une association d’exérèse et d’injections intralésionnelles.
Dans certains cas, une plastie en Z ou une greffe cutanée est proposée pour améliorer la souplesse ou l’apparence d’une cicatrice. Ces gestes sont réalisés avec une approche minutieuse et esthétique, notamment lorsqu’il s’agit de zones exposées comme le visage.
9) Lésions pédiatriques
Chez l’enfant, certaines lésions nécessitent une prise en charge chirurgicale adaptée à l’âge. Les nævi congénitaux volumineux, les kystes dermoïdes ou les malformations vasculaires résiduelles peuvent faire l’objet d’un retrait planifié.
Le chirurgien dermatologue veille à minimiser la taille des cicatrices et à préserver la croissance tissulaire, tout en accompagnant les parents à chaque étape.
Une palette de techniques précises et complémentaires
Selon la nature de la lésion, plusieurs techniques peuvent être employées :
- L’excision elliptique reste la méthode de référence, permettant un retrait complet et une analyse histologique
- Le shave ou exérèse tangentielle est privilégié pour les lésions superficielles, sans besoin de suture
- Le curetage-électrocoagulation s’adresse aux kératoses ou verrues résistantes
- Le laser permet de vaporiser ou coaguler certaines lésions superficielles, avec un excellent résultat esthétique
- Enfin, les lambeaux locaux et greffes cutanées assurent la reconstruction des zones où la perte de substance est importante
Pourquoi consulter dans un centre spécialisé ?
La chirurgie dermatologique ne se résume pas à un simple geste technique. Elle requiert une évaluation rigoureuse, une analyse histologique fiable et un souci constant du résultat esthétique. L’enjeu n’est pas uniquement de « retirer une lésion », mais de le faire au bon moment, avec la bonne technique, et le bon niveau d’exigence.
Au Centre SurgiSkin à Paris, chaque patient bénéficie d’une consultation approfondie avant l’intervention. Les chirurgiens dermatologues expliquent la nature de la lésion, la technique envisagée, les suites possibles et les soins post-opératoires à prévoir. Cette approche sur mesure garantit la sécurité du geste et la satisfaction du patient.
En pratique : quand devez-vous consulter ?
- Une lésion nouvelle ou qui change (taille, forme, couleur, saignement)
- Une « boule » sous la peau qui grossit ou s’enflamme
- Une lésion gênante (rasage, vêtements, lunettes, chaussures) ou inesthétique au visage
- Une cicatrice douloureuse, hypertrophique ou chéloïde
- Une verrue résistante aux traitements classiques
Un avis spécialisé permet de trier l’urgent du non urgent, de rassurer quand c’est bénin, et d’agir vite quand il le faut.
En conclusion
La chirurgie dermatologique couvre un spectre très large de lésions : des plus bénignes (nævi, kystes, lipomes, kératoses séborrhéiques) aux plus sérieuses (carcinomes, mélanomes), sans oublier les pathologies unguéales, les lésions vasculaires/pigmentaires, les séquelles cicatricielles ou certaines affections inflammatoires.
Ce qui fait la différence, c’est l’évaluation précise et la technique adéquate : excision, shave, curetage, laser, reconstruction… Au Centre de chirurgie dermatologique SurgiSkin (Paris), chaque prise en charge est sur-mesure, avec l’objectif d’allier sécurité, efficacité et esthétique.